• « Shu... Ce... Tu... Que...

    - Et si tu finissais ta phrase ? Oh attends, je vais t'aider : "Shu mon amooour, tu peux m'expliquer ce que c'est que cet article ? Ce n'est pas toi qui l'a rédigé, hein ? Non, c'est impossible... Tu es bien trop gentille, honnête, douce, belle intelligente - et j'en passe - pour ça ! ... Hein ? ... »

    Elle regardait se défaire au fur et à mesure de son discours le visage de son interlocuteur. Illusions brisées. Quel naïf. Elle y prenait un malin plaisir, comme à chaque fois.

    « Quoi ? Tu pensais que j'étais à tes pieds ? Soumise ? Ensorcelée ? ... Amoureuse ? Ha, laisse-moi rire ! elle se pencha vers lui et susurra, Pour ta gouverne, les hommes ne m'intéressent pas.... Ceux dans ton genre, en tout cas. »

    Prudente. Shu, en tant que journaliste digne de ce nom, savait pertinemment que la moindre phrase, le moindre mot prononcé qui soit un tant soit peu désavantageux serait vite détourné de son sens initial et retourné contre elle. Alors, elle ne disait jamais la moindre chose pouvant être interprétée de travers. Ou sinon, elle les murmuraient quand elle ne pouvait s'en empêcher. Pour, comme dans le cas présent, pouvoir admirer le visage déconfit de sa victime.

    « Mais... Mais...

    - Quoi encore ? "Mais ces 'je t'aime', ces baisers langoureux ?" Bah mon pote, à ton avis ? Ce que tu tiens dans ta main explique tout, non ? Tu t'es fait avoir, en beauté en plus ~ »

    L'"affaire C.". Une histoire abracadabrante de tromperies et de poupées Barbie. Une affaire alléchante, mais Shu manquait d'informations. De photos. De détails croustillants. Tout ce qui pouvait faire passer une histoire de la case "Truc sans intérêt" à "Évènement du siècle". Alors, elle avait décidé de mener une petite enquête. D'obtenir des renseignements avec une enquête en immersion. Au plus proche de ses cibles. Et le meilleur moyen pour ça, c'était de se faire passer pour sa petite amie. Un naïf doublé d'un moulin à paroles. Il avait déjà tout raconté au bout d'une semaine.

    « Pff ! Tu croyais vraiment avoir réussi à m'apprivoiser, moi, Shu ? C'est sûr que ça a dû flatter ton égo. Tu pensais vraiment que j'allais garder tous mes secrets pour moi ? »

    Shu, garder un secret ? Ah, vous êtes mignons. Impossible. Elle raconte tout. Mais c'est une professionnelle : on enrobe le tout de spectaculaire et hop ! une rumeur sensationnelle, une !

    « Tu croyais que parce que "Môssieur" est en A j'allais me la fermer bien gentiment et te regarder avec de grands yeux admiratifs ? »

    A, B, C, D, E. Elle s'en fiche, elle. Il y a des affaires croustillantes dans toutes les classes. Enfin, la chose qu'elle préfère, c'est les relations inter-classes. Une A qui sort avec un E, c'est le must. Juste pour ça, elle refuse absolument l'abolition du système de classe.

    Elle, elle est en B. Elle maîtrise relativement bien son pouvoir, ça oui, et ça lui est bien pratique, mais pas que. Parce que faut pas croire, mais elle est intelligente, la Shu. Et cultivée. Elle connaît des choses plus compliquées que les tables de multiplications. Elle aime lire autre chose que de simples magazines de ragots écrits par des journalistes avec des sabots à la place des mains et un vocabulaire aussi limité qu'un lama unijambiste. Elle apprécie la vraie littérature, de temps en temps. C'est qu'elle tient à se distinguer de tous ses "con-frères" de bas-étage au Q.I. aussi élevé qu'une moule. Le seul truc dont elle a horreur, c'est la politique. Sauf quand il y a des scandales; et il y en a souvent.

    Bref, Shu, c'est surtout une "journaliste" auto-proclamée qui aime fouiner partout et qui est prête à tout pour avoir SON scoop. Avec un égo surdimensionné en plus. Et qui aime les raviolis.

    « T'es vraiment con. Mais bon, t'inquiète, à la prochaine affaire sensationnelle ce sera oublié. Probablement. »

    Se sentir coupable ? Certainement pas  Ils n'avaient qu'à pas commettre d'impairs. Et c'est son devoir, à elle SEULE, de les reporter au reste du monde - même si ledit monde s'en fiche complétement. 

    « Allez, à la revoyure pauvre tâche. » 


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  • "A peine arrivée au pensionnat Prismver que je fis des ravages. Ma beauté, mon intelligence et mon élégance me valaient toutes les faveurs du monde. Mon surnom devint vite "La fille la plus raffinée du pensionnat". Et à peine arrivée que l'on me mis en garde contre elle. Elle, dont on ne sait pas grand-chose mais qui sait tout sur nous, de notre nom jusqu'à la couleur de nos chaussettes en passant par le surnom que l'on donnait à notre petit chien. Elle, qui avait anéanti la réputation d'une bonne centaine de personne en révélant quelque chose qu'absolument personne n'aurait jamais du savoir dans le journal du pensionnat. Parce que c'est elle qui s'en occupe, elle et elle toute seule. L'on raconte qu'elle est très reconnaissable, avec ses oreilles pointues, ses deux longues couettes brunes nouées par deux rubans violets, ses lentilles violettes et son uniforme violet. Sans oublier son téléphone portable, celui qui a fait le malheur de tant de personnes. Jaune, le portable. Mais elle arrive à se faire si discrète grâce à son pouvoir, que l'on ne s'aperçoit même pas qu'elle nous suit. Et quand bien même; pour notre plus grand malheur, elle est réputée pour être très douée en matière de déguisement et de filature.

    Enfin, ce ne sont que des rumeurs... … J'espère.

    « Mais une fille comme toi n'a rien à cacher, j'imagine, alors tu n'as rien à craindre ! » me dit une amie. 

    Haha, si tout pouvait être aussi rose... 

    Fin d'une énième journée de cours. Des amies me demandent de rentrer ensemble, mais je refuse. Un garçon me fait une déclaration. Encore un. Je l'envoie balader. Je ne veux pas gaspiller mon temps avec des gens pareils. Mon ventre gargouille. Je n'ai pas assez mangé ce midi. Mes camarades s'inquiètent, mais je les ai rassurés en leur disant que c'était pour mon régime. Ils m'ont regardée bizarrement mais tant pis. Au lieu de rentrer directement aux dortoirs, je fais un détour par le village, car il y a quelque chose que j'aimerais acheter. C'est l'automne, alors le sol est jonché de feuilles mortes. Il n'y a aucune autre personne dans les parages, c'est très silencieux. Les arbres continuent de perdre leurs feuilles, qui virevoltent au vent. J'aime beaucoup ce paysage, il m'apaise. Mais un frisson me parcourut, et pas à cause du froid. Tout d'un coup, je ressens une impression de mal-aise, comme si quelqu'un me suivait. Je me retourne, personne. L'allée est absolument vide, mais le regard me poursuit. On se serait cru dans un mauvais film d'horreur. J'ai peur. Je me mets à courir, mais ce sentiment continue.  Essoufflée, je finis par arriver en ville. Je m'arrête devant le magasin que je cherchais. Toujours apeurée, je regarde autour de moi. Des enfants jouent sur la place, emmitouflés dans leurs doudounes, un vieil homme avec une écharpe se repose près de la fontaine en face de moi, une femme dans un grand manteau en fourrure portant des sacs en plastiques sort de l'épicerie tandis qu'une autre, avec un chapeau cette fois, assise sur un banc, donne du pain aux pigeons. Ils sont tous habillés très chaudement, à cause du froid, et je ne distingue pas bien leur visage. Mais rien de suspect. Je pousse un soupir de soulagement et entre. Le magasin est pratiquement vide, il faut dire qu'à cette heure-là je dois bien être la seule à demander cela. Je commande ce que je veux, m'assois à une table, patiente un peu puis une fois servie je commence à mordre à pleines dents. *Clic*

    « Huhu~ Je vois d'ici les prochains titres: "La raffinée se met à la graisse !" »

    D'effroi, je lâche mon hamburger double-ration. Sur le seuil du café se tient la dernière personne au monde que je souhaitais voir, un téléphone jaune à la main. Elle était là, debout, arborant un sourire cruel et satisfait sur son visage. Shu Rockwell. Ma réputation est finie."


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  • Un coup de couteau en plein dans le coeur. Asséné de la manière la plus lâche qui soit. C'est ce que j'ai ressenti. Mon monde s'est écroulé à l'instant où je t'ai vu.
     
    J'y croyais, pourtant. On se l'était promis, pourtant.
     
    Toi et moi, c'était pour la vie. Inséparables. Je te faisais une confiance aveugle. Je n'aurais pas dû. L'aveugle que je suis vient de se faire lâchement percuter par le camion qui passait par là, parce que tu m'as lâchement abandonnée au milieu de la route.
     
    Même pas un mot, en plus. Tu aurais pu me prévenir. Mais même pas. En valais-je seulement la peine ? Visiblement, non. Adieu, joli monde d'illusions.
     
    Tu sais ce que ça fait quand tu as l'impression que tes rêves atteignables du bout des doigts deviennent soudainement des mirages disparaissant au moindre souffle de vent ?
     
    Je l'ignorais.
     
    Je le sais, maintenant.
     
    Le souvenir de ton sourire sincère revient me hanter. Sincère. L'était-il vraiment ? Auparavant, j'en aurais mis ma main au feu. Et maintenant ? Je ne sais pas. Je ne sais plus.
     
    Tu le savais, pourtant. Tu me l'avais promis, pourtant.

    Alors, pourquoi ne pas avoir mangé avec moi ce midi ? Je vaux plus que cette cruche, pourtant.

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  • does it feel good to leave me behind

    do you like the way I look when I'm crying

    Lundi, 8h50. Encore chez elle. Encore en retard.  Pour ne rien changer. Mais c'est pas pour autant qu'elle allait se dépêcher.  De toute façon, qu'allait-il se passer ? La bibliothèque, à une heure pareille, serait relativement vide. Et l'autre crétin lui ferait encore des remarques. Il lui dirait à quel point elle est inutile, la rabaisserait et pesterait contre elle à longueur de journée. Elle s'en fichait, elle en avait l'habitude. Elle savait qu'il attendait simplement son arrivée. Pour pouvoir décharger sa mauvaise humeur du jour contre elle, probablement. Ou autre chose, peut-être. Mais elle ignorait quoi.

    Cependant, elle avait pris sa décision. Depuis sa rencontre avec cette élève, elle avait changé. Elle avait enfin choisi d'avancer.

    Mais il aura fallu que l'élève en question parte pour qu'elle se décide à faire le premier pas. Felicia... Elle avait été surprise par cette jeune fille. Qu'elle puisse se montrer si compréhensive, sans même la juger. La bibliothécaire lui devait beaucoup depuis ce jour-là. Lorsqu'elle avait appris son départ, elle en fut vraiment attristée. Elle l'avait revue, quelques fois, à la bibliothèque, sans pour autant vraiment faire plus connaissance. Mais si elle avait su... Elle aurait pu au moins lui dire au revoir. Un regret de plus à ajouter à sa longue liste.

    Et ce serait le dernier. Grâce à Felicia, elle venait sûrement de prendre la plus grosse décision de sa vie : tenter de renouer avec Erik.

    Bon, pour l'instant, inutile de cacher que c'était sacrément mal parti. Parce qu'en arrivant, il allait forcément l'engueuler comme si elle avait dix ans et ça n'allait pas encourager la jeune femme à s'excuser par rapport à ce qu'il s'était passé il y avait des années. Mais elle s'était juré d'essayer de faire quelque chose. Pour arrêter de culpabiliser.

    Juste avant de partir de son appartement, elle vit son lézard débarquer à toute vitesse accompagné d'un mot. Une convocation de Kerstin ? Allons donc, qu'est-ce qu'elle voulait encore, cette rabat-joie ? Qu'importe, ce n'était pas elle qui allait entacher la nouvelle résolution  de l'albinos.

    C'est donc d'un pas résolu - et armée de lunettes de soleil ainsi que d'un grand chapeau - qu'elle prit la direction du pensionnat. 

    ___________

    Ce sont les mains tremblantes qu'elle chercha la clef de la porte dans son sac.

    Ce n'était qu'une blague. Qu'une horrible blague. Il était impossible qu'il en soit autrement.

    Alors qu'elle avait décidé de changer. 

    Lui avait décidé de partir.

    Chacun souhaitait tourner la page à sa façon.

    "Il nous a déposé sa lettre de démission hier, sans nous donner de raison particulière. Il a quitté l'île ce matin. Un remplaçant sera bientôt affecté pour vous aider, mais en attendant, vous devrez vous débrouiller seule." avait dit cette chère CPE avec toute la compassion dont elle pouvait faire preuve. Ruthel lui aurait offert un cookie de consolation, au moins.

    Trouvée. Elle la saisit et tendit la main vers la serrure.

    Lui aussi, en avait assez de cette situation. A passer leur temps à entretenir leur rancœur, à se chamailler comme des gamins. Sauf que, comme la dernière fois, il avait décidé de faire face aux évènements à sa manière.

    Il avait fui. Sans lui laisser aucune chance de le retrouver. Le voudrait-il seulement?

    Peut-être allait-il changer d'avis, comme elle, et revenir dans quelques jours ? Ils étaient pareils, après tout. C'est ce que tout le monde disait. Dit encore, d'ailleurs. Même si moins qu'auparavant.

    Sauf que lui savait faire preuve d'une incroyable lâcheté dans des moments comme celui-ci. Non. C'était faux de dire ça. Elle aussi l'avait été. Sous couvert d'être blessée dans son orgueil, elle avait tout fait pour le dissuader de recoller les morceaux. Avait remué le couteau dans la plaie. Maija n'était probablement que la personne à le plus blâmer pour cette "guerre" qui durait depuis maintenant des années.

    Elle inséra la clef dans la serrure de la porte.

    Et c'était reparti pour un tour. Encore une chose qu'elle serait incapable d'oublier, et qu'elle ressasserait pendant des années. Toute sa vie ? 

    Les larmes vinrent toutes seules. 

    « J'ai changé. Je voulais m'excuser. Alors... Alors... »

    Elle ajouta dans un murmure :

    « Alors reviens, s'il-te-plaît. »

    Elle avait passé tant d'années à prendre soin de le haïr qu'elle ne se souvenait même plus si ces sentiments étaient réels. Elle l'avait aimé, avant la Dispute. Elle lui en avait voulu, après. Voyant qu'il n'allait pas s'excuser de sitôt, elle avait fait en sorte d'entretenir sa rancoeur à son égard. Mais qu'éprouvait-elle vraiment ? Elle ne le savait plus. 

    Quoiqu'il en soit, il lui manquerait. 

    Elle retira la clef.

    Il était hors de question de continuer ainsi. Elle s'était promis de changer, pour Felicia, et elle le ferait, avec ou sans Erik. Elle allait arrêter de s'apitoyer sur son sort. Elle n'allait pas tenter vainement d'oublier ses souvenirs. Elle allait vivre avec. Mais elle continuerait d'avancer. Cela s'était mal terminé avec Erik ? Eh bien, elle allait faire en sorte de ne pas répéter les mêmes erreurs.

    Puis facile à dire qu'à faire. Mais elle devait le faire. Elle voulait le faire.

    Finalement, elle rangea la clef dans son sac et fit demi-tour. Elle avait besoin de prendre l'air. Elle s'expliquerait avec la direction plus tard; elle ne voulait pas mettre les pieds dans la bibliothèque aujourd'hui. Réaction puérile ? Peut-être. Mais personne ne l'attendait là-dedans, de toute façon.

    Personne ne l'attendrait plus.

    I've got news I'm going my way

    fighting and I feel I'm getting somewhere

    all is right, all is right


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  • Elle fit un pas en avant, hésitante. 

    Quelque chose avait changé, aujourd'hui. Pas une de ces choses qui vous chamboule la vie, non. Une "petite" chose, curieuse, mais a priori inoffensive. Qu'elle ne pouvait juste pas expliquer.

    Un sentier était apparu au fond de son jardin. Un petit sentier, étroit, dont on discernait à peine le chemin, les cailloux recouverts par de petites pousses vertes. Les arbres l'entourant étaient verdoyants comme au coeur de l'été - alors que l'hiver touchait à sa fin. Les plantes et les fleurs, étrangement nombreuses, brillaient sous les rayons du soleil de manière improbable. Mais surtout, son regard avait été capté par un arbre dans le lointain. Le sentier semblait mener droit à lui; comme s'il était l'objectif final du voyage.  Elle ne pouvait apercevoir que le haut de ses branches, mais ses feuilles, oranges, semblaient auréolées d'une lueur rouge vif, comme si elles brûlaient. Cela contrastait tant et si bien avec le ciel d'un bleu parfait qui surplombait la scène qu'elle en fut fascinée. C'était le genre de scène qui pouvait couper le souffle à n'importe qui. Un sentiment de sérénité enveloppait le tout. Il n'y avait aucun bruit : pas un seul souffle de vent, pas un seul chant d'oiseau.

    Il lui semblait que l'arbre l'appelait. Etait-il le seul à être ainsi ? Marquait-il seulement l'entrée vers un autre endroit, rempli de choses aussi fascinantes que celle-là ? Que cachait-il derrière lui ?

    Elle serra les poings et inspira profondément, tentant de calmer son coeur battant.

    L'opportunité ne se représentera pas, elle le savait. Le sentier finirait par disparaître tout aussi vite qu'il était apparu, c'était une certitude que lui soufflait son instinct. Pour ne jamais revenir ? Mais, si elle y allait... pourrait-elle seulement faire demi-tour ? Il l'engloutirait probablement à jamais.

    Alors, elle pensa. Elle pensa à sa famille, à ses amis, à sa vie, à son passé. A son avenir. Elle avait une vie que l'on pourrait qualifier de "modèle". Aucun problème particulier, que ce soit au niveau de la santé, de la famille ou des études. Elle était appréciée de tous, et c'était réciproque. Son futur était pour ainsi dire tout tracé - elle allait faire des études prestigieuses, obtenir un excellent diplôme, et devenir adulte dans un monde monotone et gris. Ces rêves devenant ceux que la bonne tenue exigeait : se marier, avoir un bon travail et une bonne maison, et pour finir, bien élever ses enfants. Mourir d'une mort tranquille et sans douleur.

    Quel ennui.

    Disparus les rêves d'aventures, les rêves aux possibilités infinies, les rêves colorés et vivants. Sans don particulier, elle finirait comme la grande majorité du monde : elle aurait une vie simple et sans effusions. Peut-être pourrait-elle se permettre de voyager loin pour se changer les idées. Mais cela lui paraissait tellement anecdotique.

    Toute sa vie - sa courte vie, du haut de ses vingt ans -, elle avait toujours pris en considération les autres. Elle n'aimait pas blesser les gens, et détestait par-dessus tout ne pas tenir compte de leurs sentiments. Elle avait fait des sacrifices, mais elle ne les regrettaient pas. Ne les avaient jamais regrettés?

    Alors, pour une fois. Pour une toute petite fois, elle ne penserait qu'à elle. Sinon, elle s'en voudrait éternellement.

    Elle ne penserait qu'à satisfaire sa curiosité. Elle ne penserait qu'à répondre à l'envie qui naissait en son coeur.

    « Pardon. »

    Elle fixa son regard vers le lointain, vers cet arbre si étrange et si hypnotisant. Et avança résolument vers lui, sans se retourner. 

    Les plantes semblèrent l'absorber; on ne la vit bientôt plus.

    Et vous, l'auriez-vous emprunté, ce sentier ? 


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